Un lys en hiver...
Senteur royale aux accents d’une éphémère pensée, il fallut être audacieux pour planter un lys en plein hiver. Son éclat en prend une puissance saisissante, contrastant avec la glace de mon palais des mélancolies. J’aime à promener mon regard sur la fleur royale qui me dévisage de sa beauté délicate, à peine l’effleurer lui donner un soupçon de vie qui la fera vivre trois jours, sept jours…dix jours peut être. Résistant à mon blizzard des nuits d’errance, des nuits de solitude, des nuits sans roi…
Mon hiver s’en trouve adouci, apaisé, un peu plus lumineux en cette journée de volupté. Symbole d’un contrat inexistant, je volerai à la fleur des plaisirs sa Force, sa vigueur comme sa senteur…Ma peau sera raffinée de son orangée poudre, le blanc de ses pétales épousera à la perfection ma blanche silhouette.
C’est main dans la main que nous trinquerons avec un verre d’eau pétillante, et c’est à ce moment là que je lui déroberai son diadème pour m’en amuser. Je n’ai pas l’étoffe d’une Reine, si ce n’est la Reine de mon impénétrable hiver. Et pourtant, la fièvre au corps je demeure, comme si la fleur m’avait déjà infusée de sa sulfureuse passion.
Il fallut être audacieux pour planter un lys en plein hiver…
Avoir la prétention de rien pour tout oser, gommer son propre hiver au chevet d’une terre oubliée de tous : mon Alaska de la peur, de l’espoir, de la Folie.
Babiche