Itinéraire d'une Babiche pas comme les autres....
De toute façon mon hiver fut bien trop court pour que je ne puisse avoir trop froid cette nuit. Mes cristaux étoilés furent mes rêves, rêves qui se sont envolés au moment où le chant de mon réveil a décidé de m'ôter de cet état de grâce, d'apaisement suprême, celui de la mort éphémère de ma conscience.
J'étais bien, perdue dans les bras de mon inconscient, ne plus être le temps de ses songes, le temps d'un repos de l'âme. Moment exquis que je vais attendre la journée durant, puis, de toute façon la réalité fait tomber dans le ciel de mon hiver du givre qui me paralyse les mains, mes paroles, mes pas. Seule en mon hiver de l'inconscient, il n' y a pas de larmes, pas de coups, pas de silence....Je suis la Reine de ce Paradis blanc de la douceur, de la volupté, mon envol est sans cesse rythmé par les échos de mes souvenirs.
Depuis près de deux ans je suis devenue le néant. Mes mots déchirent la toile virtuelle pour résonner en vos coeurs, vous qui me lisez sans toujours bien comprendre le fond de cette mélancolie. On ne lève pas le voile d'un hiver de l'abandon, orpheline parmi les hommes, leurs réponses ne me satisfont plus, sitôt que mon été m'a lâché la main. Et cet hiver récurrent est devenu ma saison préférée, il conserve sans en abîmer la pureté, ma peau blanche, le noir de mes yeux contrastant avec le manteau blanc de la nudité, il me réchauffe reflétant avec perfection mon état d'âme.
Et ma main froide dissimule à peine l'écho de mes sentiments angéliques, souffrance qui me connait mieux que les glacés cristaux qui tombent en mon être figé... Et j'ai la force auprès de cette flamme de la vie, d'espérer en cet hiver, un lac qui fond doucement sous les assauts de mon fiévreux amour en l'existence. Même si mon sang invisible déferle en vagues successives sur les champs déserts de ma conscience, il est une raison suffisante pour faire de ce pays de l'hiver un lieu de bien être.
La maxime de ce pays est demeurée intacte en ces deux années, vous la connaissez, puisse t-elle vous persuader que mon hiver est aussi glacial qu'il peut être chaleureux:
"Le seul pays où il n'y a pas d'hivers est celui de l'espoir"
...Mon hiver est le seul en ce pays de l'espoir, car il a cela de peu commun qu'il scintille dès que l'aube dépose en son immaculée parure quelques mots de velours, quelques touches de couleur, quelques larmes enfantines...
Babiche