Vent du nord en terre désertique.
Et pourtant…le chemin se trace lentement.
J’avais le vent dans les cheveux, le petit frisson des fraîches matinées. Je serrais ma veste noire contre mon corps, comme pour mieux le préserver des regards extérieurs, du souffle nordique d’Éole. J’ai le feu à l’intérieur, comme si le costume du clown triste me serrait de trop, laissant juste apparaître la larme qui perle au coin de mon œil. Pas assez ajusté ce costume, il me contient dans une ténébreuse grisaille, à la fois tellement invisible mais tellement palpable au regard du cœur. Le voient-ils ? Eux ? Peuvent-ils deviner derrière un regard baissé, un pas rapide, une main qui se cache cet état de léthargie ? Le spleen…Ce froid polaire qui fait jaillir les attributs de la plaine désertique.
Non! Ce n’est pas possible, le costume doit me permettre de passer inaperçue dans les couloirs de la ville. J’enchaîne les avenues, choisissant les plus étroites, celles dans lesquelles vous vous sentez le moins exhibé (ée). Le spectacle doit prendre fin, mon nez n’est pas assez rouge ce jour, mes yeux à peine rieurs feraient peur aux enfants, noircis ils sont, pour mieux se camoufler, ces perles de l’âme. Elles en disent trop. Le noir s’épanche lentement de mes perles émeraude, alors que je me suis assise sur un banc pour y regarder l’aubépine encore fleurie.
Hélas, ce n’est pas une chronique sortie de mon esprit, c’est ma propre existence, du sensible, de l’authentique. Pire encore, c’est le chemin que j’ai fais ce matin juste pour me persuader que j’existe, et que je dois….Je dois…..Je suis le mime de mes propres écrits, cela devient troublant que de se narrer ainsi, c’est l’éclair de lucidité qui rend apparentes toutes les angoisses que vous tentez en vain de faire taire, tout simplement pour « être », pour revivre, pour renaître…..pour naître. Naître….
La Babiche.